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IA : service ou servitude?

IA : service ou servitude?

IA : service ou servitude?

Pour ceux qui sont attentifs à ce genre de choses, peu de sujets ont suscité autant d’anticipation et d’inquiétude que l’IA. 

Cet article ne traitera pas de la science de l’IA et n’entrera pas dans les détails de son utilisation actuelle. Nous espérons plutôt donner un aperçu du potentiel de l’IA sur le plan de ses bienfaits ou de son utilisation abjecte par les particuliers et les entreprises. Comme c’est souvent le cas, l’IA pourrait être une science que la société n’est pas tout à fait prête à accueillir. L’histoire est parsemée d’avancées technologiques que l’humanité a adoptées sans hésiter avant d’atteindre un niveau de sophistication sociétale lui permettant d’assumer une responsabilité et un contrôle complets. 

On a dit de la mitrailleuse qu’elle était l’arme qui mettrait fin à toute guerre car, étant une machine à tuer parfaite, il était impensable d’envisager son utilisation. On a dit la même chose du nucléaire. Capable d’une production énergétique quasi illimitée lorsqu’il est utilisé correctement, il a fait la une des journaux après le largage d’un dispositif à fission sur le Japon, qui a tué sur le coup des dizaines de milliers de personnes, un acte qui a mis fin au conflit le plus sanglant de l’histoire. 

Les pires scénarios de l’IA ne sont possibles que si elle demeure non réglementée et mal comprise. 

L’IA souffre, ou bénéficie, de la même dichotomie, et sans une compréhension claire de ses répercussions et de sa mauvaise utilisation possible, nous sommes contraints d’imaginer toutes sortes de résultats désastreux ou idéalistes. 

Bref historique de l’IA – Fait et fiction 

La quête de l’intelligence artificielle ne date pas d’hier. Non seulement les scientifiques et les mathématiciens se sont-ils penchés sur elle, mais ils ont passé leur vie à en découvrir les secrets et à en débattre la viabilité, les vulnérabilités et le potentiel de changer l’histoire de l’humanité. Alan Turing, un pionnier légendaire de l’informatique dépeint dans la superproduction Le Jeu de l’imitation (recherche : machine à chiffrer allemande Enigma), a conçu le test de Turing, qui consiste en une série de tests visant à déterminer si une machine peut interagir avec un être humain de manière indiscernable. Ce critère n’a pas encore été atteint. Les écrivains sont aussi obsédés par l’IA depuis longtemps, les lecteurs encore plus. Isaac Asimov, célèbre auteur de science-fiction, a écrit son classique Les Robots, dans lequel il énonce les désormais célèbres trois lois de la robotique1 : 

Première loi 

Un robot ne peut pas blesser un être humain ou, par son inaction, permettre qu’un être humain soit blessé. 

Deuxième loi 

Un robot doit obéir aux ordres que lui donnent les êtres humains, sauf si ces ordres sont contraires à la première loi. 

Troisième loi 

Un robot doit protéger sa propre existence, tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi. 

Le paradoxe est évident. L’utilisation de cette loi comme règle de programmation inviolable semblerait rendre les choses claires. Mais Asimov a négligé un détail important : les trois lois de la robotique empêchent nécessairement les robots d’avoir une véritable IA. Une véritable intelligence artificielle devrait faire preuve de conscience de soi et de libre arbitre, ce dernier point étant en totale contradiction avec l’intention des trois lois de la robotique. En fin de compte, la véritable IA pourrait n’être qu’un idéal et ne jamais être entièrement réalisable. 

La fiction est remplie d’exemples de cas où l’humanité frôle la catastrophe avec l’IA : le Frankenstein de Mary Shelley (qui faisait allusion à l’IA sans y faire directement référence), la franchise TerminatorThe Matrix, et peut-être la représentation la plus sombre et la plus raisonnable de l’apprentissage machine et de l’IA qui a mal tourné, l’ordinateur HAL9000 dans 2001, l’Odyssée de l’espace. Tous ces films ont laissé des traces indélébiles dans notre esprit et ont peut-être, par inadvertance, fait reculer l’IA, du moins dans ses efforts de relations publiques. Par ailleurs, les lettres HAL sont respectivement adjacentes aux lettres I, B et M. 

Sur le terrain, cependant, les progrès sont beaucoup moins ambitieux. Deep Blue2 d’IBM a battu le champion du monde Gary Kasparov, tandis que son dernier ordinateur, Watson3, a remporté l’émission Jeopardy de la chaîne NBC en battant haut la main deux vainqueurs précédents. Toutefois, sans conscience de soi et sans libre arbitre, il ne s’agit pas de véritables exemples d’IA, mais simplement de petits pas supplémentaires vers celle-ci. 

Les plus grandes entreprises sont les plus susceptibles de disposer d’une stratégie d’IA, mais seulement 50 % d’entre elles en ont une.4 

Définition et gouvernance 

L’IA est définie de façons légèrement différentes par divers experts et organes directeurs. Une fois qu’une définition standard et un contrôle de ce qui constitue l’IA auront été établis, l’intelligence artificielle devra sans doute être soumise à une réglementation stricte pour contrôler son utilisation. Ironiquement, en raison des dilemmes moraux inhérents susmentionnés, la réglementation devra aussi l’empêcher d’être en fait intelligente et dotée d’une conscience de soi. 

La gouvernance multilatérale de l’IA est devenue un sujet brûlant et, sur la recommandation du Canada et de la France, un Partenariat mondial sur l’IA5 dirigé par le G7 a été formé, soutenu en partie par le Centre international d’expertise pour l’avancement de l’intelligence artificielle6 de Montréal. 

Malgré ces efforts préliminaires, la réglementation de l’IA, y compris la définition effective de sa philosophie, de son utilisation, de sa légalité et de son potentiel, est naissante et non coordonnée. Les gouvernements discutent, les universités débattent et les partisans de l’IA explorent et découvrent quelles pourraient en être les limites. 

En même temps, les entreprises déploient l’IA et en dépendent comme jamais auparavant. Alors, qui veille au grain? 

Application et responsabilité 

Une bonne gouvernance de l’IA peut éviter toute conséquence apocalyptique. En effet, son rôle dans les soins de santé, la justice et l’application de la loi, l’éducation, la finance et, plus inquiétant encore, le développement de l’IA elle-même, ne cesse de croître. 

Pour assurer à l’IA un avenir aussi prometteur que prévu, la confiance devra être au rendez-vous, que ce soit sous la forme d’une loi asimovienne de la robotique, d’organisations internationales multilatérales de contrôle, d’une transparence absolue, d’une fiabilité accrue ou, plus probablement, d’une combinaison de ces éléments et d’autres considérations. Pourtant, elle a un avenir. Et nous sommes tous destinés à y participer. 

D’ici 2025, 90 % des nouvelles applications d’entreprise feront appel à l’intelligence artificielle intégrée7

La pandémie de COVID-19 a été l’un des premiers tests mondiaux de l’IA, car l’industrie et le commerce ont dû réimaginer leur mode de fonctionnement, leur utilisation de la main-d’œuvre et l’accès à celle-ci, ainsi que la manière dont ils mobilisent les consommateurs et les utilisateurs de services. En ce sens, la pandémie a été un multiplicateur de force, accélérant l’IA et rendant impérative la nécessité de prévoir des utilisations responsables et des moyens d’enrayer les utilisations malveillantes. 

Les entreprises sont aussi concernées. KPMG a cité six choses que les entreprises peuvent faire pour adopter une approche proactive*. 

• Développer les principes, les critères de conception et le contrôle de l’IA. 

• Concevoir et mettre en œuvre des modèles de gouvernance et d’exploitation de bout en bout de l’IA. 

• Évaluer le cadre actuel de gouvernance et de risque. 

• Mettre en place des comités et des cadres de gouvernance. 

• Développer et intégrer un cadre de gestion des risques liés à l’IA. 

• Établir des critères visant à maintenir un contrôle continu sur les algorithmes sans étouffer l’innovation et la flexibilité. 

Moins de 50 % des consommateurs comprennent l’IA8. 

« L’IA ne va probablement pas réduire la main-d’œuvre active, mais elle va la changer! L’IA va permettre à l’industrie d’automatiser de nombreuses activités actuellement effectuées par des personnes, leur donnant ainsi l’opportunité d’être redéployées vers des rôles plus critiques, ainsi que d’orienter la main-d’œuvre entrante pour qu’elle concentre son éducation et sa formation sur des domaines qui nécessiteront une interaction humaine. » 

Blair Richardson, VP, Réussite client, CofomoA

Les entreprises sont à l’aube d’une révolution de l’IA, dont le potentiel de répercussions est égal ou supérieur à celui de l’avènement d’internet. On pourrait dire que nous vivons déjà l’âge d’or de l’IA. En 2016, le moteur de recommandation de Netflix générait à lui seul un milliard de dollars américains en revenus9, tandis que des agents conversationnels (chatbots) de plus en plus intelligents aident les entreprises à réduire leurs coûts de 8 milliards de dollars américains10. De toute évidence, l’IA ne relève pas que du discours. 73 % des consommateurs mondiaux sont ouverts à l’IA si elle leur facilite la vie et le travail11

L’ambivalence de l’IA est omniprésente. Alors que 87 % des Américains interrogés semblent applaudir l’avènement de l’ère des voitures à conduite autonome, 35 % ont déclaré qu’ils ne s’assiéraient jamais dans un véhicule entièrement autonome12

Comme pour toute avancée technologique révolutionnaire, il y aura des retours en arrière. 

La croissance explosive de l’IA engendrera des dilemmes moraux infinis pour des décennies à venir. Comment l’emploi sera-t-il touché, comment la richesse créée par l’IA sera-t-elle distribuée, pouvons-nous éviter les accidents occasionnels inévitables mais potentiellement désastreux de la « stupidité artificielle », pouvons-nous protéger notre IA contre des adversaires ou contre le fait de devenir un adversaire, et pouvons-nous programmer l’IA pour qu’elle soit suffisamment exempte de tendances? Sur ce dernier point, faites une recherche en ligne en tapant « écolière ». Les résultats seront essentiellement des photos de femmes adultes portant des tenues d’écolières provocantes, tandis que la recherche de « écolier » produira des photos de garçons ordinaires à l’école13. L’IA a fourni ces résultats en fonction de ce qu’elle a appris de notre comportement. 

En fin de compte, le succès de l’IA n’est peut-être pas lié à la façon dont elle imite la pensée humaine, mais à la façon dont elle améliore les tendances et les lacunes de la pensée humaine, tout en assurant notre sécurité, notre emploi et notre santé, et ce, sans nous battre contre une armée de robots IA déterminés à dominer le monde. 

Nous vivons une époque intéressante. 

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Les informations de cet article ont été compilées à partir de plusieurs sources : 

  1. https://en.wikipedia.org/wiki/Three_Laws_of_Robotics 
  2. https://en.wikipedia.org/wiki/Deep_Blue_(chess_computer) 
  3. https://en.wikipedia.org/wiki/Watson_(computer) 
  4. https://sloanreview.mit.edu/projects/reshaping-business-with-artificial-intelligence/ 
  5. https://gpai.ai 
  6. https://ceimia.org/en/ 
  7. https://www.idc.com/research/viewtoc.jsp?containerId=US45599219 
  8. https://dataprot.net/statistics/ai-statistics/ 
  9. https://www.businessinsider.com/netflix-recommendation-engine-worth-1-billion-per-year-2016-6 
  10. https://www.juniperresearch.com/resources/analystxpress/july-2017/chatbot-conversations-to-deliver-8bn-cost-saving 
  11. https://www.pega.com/system/files/resources/pdf/what-consumers-really-think-of-ai-infographic.pdf 
  12. https://dataprot.net/statistics/ai-statistics/ 
  13. https://www.change.org/p/google-google-must-change-school-girl-results-from-sexualized-images-to-actual-girls-in-school 

 A. Blair Richardson, VP Client Success, Cofomo, Ottawa 

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